Texte de l'atelier d'écriture rédigé collectivement.
Extrait :

Chapitre 2




Jean de La Lune est poète. Ses deux parents sont André de La Lune et Georgette de La Lune (nom de jeune fille Roux). Par son père il appartient donc à la noblesse tandis que de sa mère il a hérité d’une origine roturière. Sa mère est en effet issue d’une famille de paysans ardéchois. Son père, lui, compte parmi ses ancêtres un général d’Empire ainsi que deux députés et même le très fameux Poincarette de La Lune, savant à qui l’on doit la découverte du théorème démontrant l’impossibilité de résoudre le problème de la quadrature du cercle. Son père lui-même est un savant : un philologue plus précisément et qui doit sa prospérité d’universitaire à une thèse sur l’origine des langues indoeuropéennes. André de La Lune et Georgette Roux se sont rencontrés lors d’un voyage du philologue en Ardèche et dans des circonstances que tous deux ont toujours souhaité taire. Le fait est qu’ils se sont mariés et que Jean de La Lune est l’unique fils issu de cet accouplement. Jean de La Lune est poète. On peut dire qu’il doit sa vocation à ses deux parents. De son père il a en effet hérité du goût de l’étude de la langue et des recherches savantes sur les mots et de sa mère une sensibilité un peu fantasque qui a aiguisé en lui un goût certain à composer des vers et cela, d’une certaine façon aussi par volonté de se démarquer de son père en adoptant une autre situation sociale que celle qui consiste à étudier les langues en philologue. Jean de La Lune qui est depuis peu trentenaire a écrit une vingtaine d’ouvrages. Tous ces ouvrages s’ordonnent autour d’un même thème, celui de la Femme. Etre poète, ça n’est jamais en effet pour Jean de La Lune que s’essayer à chanter le corps de la femme. Il n’a à ce jour publié que deux textes mais, persuadé de la valeur de son œuvre, il poursuit avec obstination son travail d’écriture. Et il est aidé en cela par une poignée d’amis qui sont tous de fervents admirateurs de ses œuvres et qui donc l’encouragent à continuer sur cette voie. Ne pouvant pas vivre de sa plume, Jean de La Lune, d’une part profite de l’aisance de sa famille et d’autre part des facilités que la société offre aux fils de famille ayant quelques dons artistiques. Dernier point : Jean de La Lune n’est pas marié. Il n’a même point de maîtresse. C’est que cela fait en quelque sorte partie de son statut de poète du corps de la femme. En effet comment être au mieux amener à chanter le corps de la femme et l’amour qu’on peut lui porter, si ce n’est en s’interdisant à celles-là mêmes qu’on s’essaye de chanter ?
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